J'aime les mots!

Publié le par la.fee.trianon.over-blog.com

La grammaire est une chanson douce d'Erik Orsenna

 

  

Résumé: 

Jeanne, la narratrice, une jeune adolescente, pourrait être la petite soeur d'Alice, l'héroïne de Lewis Carroll, précipitée dans un monde où les repères familiers sont bouleversés. Avec son frère aîné, Thomas, elle voyage beaucoup : leurs parents sont séparés et vivent chacun d'un côté de l'Atlantique. Un jour, leur bateau fait naufrage et, seuls rescapés, ils échouent miraculeusement sur une île inconnue. Accueillis par Monsieur Henri, un musicien poète et charmeur, ils découvrent un territoire magique où les mots mènent leur vie : ils se déguisent, se maquillent, se marient. C'est une promenade dans la ville des mots, pleine d'humour et de poésie, où les règles s'énoncent avec légèreté.

 

 

 

 

 

 

Mon avis: Oh bonheur! Après avoir lu une horreur telle que le roman dont je vous ai parlé précedemment, je ne pouvais qu'être combléepar ce court roman d'Osenna. L'histoire est originale, charmeuse, envoutante. J'aime les récits où notre imaginaire est grandement mit à contribution. Cela nous permet de quitter le monde réel pour s'envoler dans un environnement merveilleux et enchanteresque. Les mots sonnent, résonnent, chantent... C'est avec beaucoup de plaisir que je vous conseille ce livre. Sans compter que c'est un excellent moyen de se réconcilier à la fois avec la syntaxe, et la grammaire.

Je ne vais pas m'attarder davantage à vous vanter ces mérites, mais plutôt vous faire partager un petit bout de ce délice.

 

"Les habitants : pas d'hommes ni de femmes; aucun enfant. Les rues n'étaient parcourues que de mots. Des mots innombrables, radieux sous le soleil. Ils se promenaient comme chez eux, ils étiraient dans l'air tranquillement leurs syllabes, ils avançaient, les uns sévères, clairement conscients de leur importance, amoureux de l'ordre, de la ligne droite (le mot «Constitution», les mots «analyse d'urine» bras dessus, bras dessous, le mot «carburateur»). Rien n'était plus réjouissant que de les voir s'arrêter aux feux rouges alors qu'aucune automobile ne les menaçait.

Les autres mots, beaucoup plus fantaisistes, incontrôlables, voletaient, caracolaient, cabriolaient comme de minuscules chevaux fous, comme des papillons ivres : «Plaisir», «Soutiengorge», «Huile d'olive»... Je suivais, fascinée, leur manège. Je n'avais jamais prêté assez attention aux mots. Pas une seconde, je n'aurais imaginé qu'ils avaient chacun, comme nous, leur caractère.

Monsieur Henri nous prit par l'épaule, Thomas et moi, et nous glissa dans l'oreille l'histoire de cette cité.

- Un beau jour, dans notre île, les mots se sont révoltés. C'était il y a bien longtemps, au début du siècle. Je venais de naître. Un matin, les mots ont refusé de continuer leur vie d'esclaves. Un matin, ils n'ont plus accepté d'être convoqués, à n'importe quelle heure, sans le moindre respect et puis rejetés dans le silence. Un matin, ils n'ont plus supporté la bouche des humains. J'en suis sûr, vous n'avez jamais pensé au martyre des mots."

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